Monsieur mon ego,
Je ne vous aime plus, et ce, depuis fort longtemps,
Mais il m’a fallu, pour vous le dire bien du temps,
Car figurez-vous, Monsieur, la délicatesse
Qu’il faille user, pour ménager Votre Altesse.
Elle est si, comment dirais-je, si grosse, si enflée,
Que le miroir se fatigue à vous refléter
Que les portes n’en peuvent plus de s’écarter
A chaque fois que Son Potentat désirerait passer.
L’autre jour, par votre faute, dans la rue marchant,
Je me cogne la tête sur un panneau signalant
Un pont que j’évitais de peur qu’il ne s’affaisse,
A cause bien entendu du poids de votre Altesse.
C’est donc par le détour que j’ai dû emprunter,
Que dans cette ruelle nous nous sommes retrouvé
Coincés toute une heure par un subit enflement
De votre personne, parce qu’on me fit un compliment.
Non, Monsieur l’ego, je ne peux plus vous souffrir,
Voilà bien longtemps que je voulais vous le dire
Vous êtes une grenouille, qui ma foi, est très bœuf
C’est vrai à la fin, vous n’êtes que du vent, que du bluff.
Et puis, cette manie de ne parler que de vous,
C’est très embarrassant, très fâcheux, savez-vous?
On ne peut piper mot, sans que vous ne pensiez
Qu’à nouveau ces paroles ne vous sont destinées.
Vous la ramenez sans cesse, croyant tout savoir,
Et nous bassinez avec toutes vos histoires,
« Oui alors Moi Je! Je pense, je suis, je peux faire… »
Vous êtes plus prétentieux que vous en avez l’air.
Et c’est toujours devant que vous vous asseyez
Afin d’être sur de vous faire remarquer,
Comment ne pas voir, Monsieur, même au dernier rang
Une montgolfière et je pèse mes mots, s’enflammant!
Ah! Si seulement vous aviez un peu d’humilité,
De la soumission, de la modestie, un peu de simplicité,
Mais vous êtes tout le contraire et ce, sans vergogne,
Vulgaire épais, (rien à voir avec Tolstoï!)
Ainsi je vous le dis, je ne vous aime plus,
J’espère que par cette lettre, vous convaincre j’ai su,
Si vous parlez sans hésiter je vous muselle,
Si vous enflez je mets du leste dans la nacelle.
Vous ne rendez pas les armes, je vous les confisque,
Ainsi vous n’êtes César ni Vercingétorix
Je vous réduis à vous-même, un ego dont les goûts,
ne sont ni sage, ni beau, mais alors pas du tout!