The Gate of Artemis

La Havane de nuit

Les rues autour de la vieille capitainerie générale suintent de mélancolie malgré la musique enjouée qui s’enfuit des restaurants à touristes. Le long de la jetée, une jeunesse au chômage s’embrasse sur les parapets, en face d’immeubles aux arcades splendides, à moitié effondrées. Les dollars forts que l’on extorque des étrangers irriguent au compte goutte les grands marais de la misère. Les cartes postales en noir et blanc rappellent la fierté de la révolution, le regard de Che Guevara qui scrute le futur au-delà de son cigare, la harangue de Fidel en 1960, quand tout semblait possible. Je vais l’entendre demain car les révolutions ne meurent que lentement. Mais elles meurent. On ne peut vivre que de rhum et de tabac. Il faut aussi le lubrifiant capitaliste du beurre.